Un chant du monde

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Le « branleboièr » est un chant sans paroles pratiqué jusque dans les années 20 en Haut-Agenais, l’incarnation orale d’une culture paysanne encore attachée à renouveler son pacte avec le monde. De 77 à 81, avec ténacité et empathie, Pèire Boissière s’est attaché à en collecter les dernières interprétations auprès de témoins ayant pratiqué cette expression en situation (soit une dizaine d’enregistrements).

Ces mélopées rituelles – propres à chaque laboureur – accompagnaient les travaux réalisés avec une paire de vaches. Ce qui se jouait alors, pour l’homme (ou la femme) qui conjuguait son souffle au chant du monde, en s’inscrivant dans un espace et un temps à perpétuer, c’est peut-être le maintien de l’harmonie de l’univers – dans un au-delà de la parole.

Frédéric Figeac, poète et rédacteur en chef de la revue OC, se questionne sur ces corps qui s’expriment mais ne parlent pas, sur ce non-verbal qui dit quelque chose de profond sur notre rapport au monde.