La Maison Forte

Laisser couler

Une exposition de Clément Philippe

Tous les jeudis du 6 juillet au 24 août

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La pratique plastique de Clément Philippe, diplômé de l'Ecole supérieure des Beaux-Arts de Montpellier – MOCO en 2016, se concentre globalement sur le rapport de l'homme à l'outil. L'outil fût un moyen pour l'homme de s’extraire de la nature et de son environnement, mais qu'en est-il aujourd'hui ? Le mythe Prométhéen est-il toujours l'attitude dominante ou alors en déclin au profit d'une réconciliation nature/culture ? Ces questionnements le poussent à explorer des techniques variées (gravure, sculpture, installation, photographie) et des formes hybrides artificielles/naturelles, des matériaux laissés en évolution (oxydation, cristallisation). Il s’attache à expérimenter les matériaux de manière empirique tout en recherchant le dialogue avec les garants de savoirs spécifiques : les chercheurs (géologues, chimistes, sociologues, historiens…).

Durant son séjour à La Maison forte, Clément s’est concentré sur la source présente sur le domaine du château de Monbalen. Il a exploré cette résurgence en s’attachant aux éléments géologiques et organiques qu'elle côtoie. L’eau qui jaillit là charrie quantité d'éléments témoins d'un environnement, d'une activité, d'un patrimoine naturel et humain. D’un point de vue plus symbolique, la source, du fleuve Alphé à l'animisme associé en passant par les écrits de Roger Caillois, représente ce lieu particulier d’une richesse précieuse autour duquel ont pu s’allier, se confronter, s’hybrider des dynamiques culturelles, philosophiques et techniques.

Au cours de la résidence qui pose une première base pour cette exposition, Clément Philippe a développé sa série d’Hydroscapes. Hydroscape Agregator est une plateforme en aluminium installée juste en aval de la source. Des lentilles Fresnel viennent chauffer la plaque accélérant l'accumulation des éléments minéraux charriés le flux de l’eau. Hydroscape Accelerator est un accélérateur de flux et ainsi d'érosion. Implanté dans le ru il devrait avoir une incidence douce sur le lit de celui-ci, ou pas. Hydroscape Sculptor, enfin, est une installation permettant la sculpture automatique de pains d'argile. Inspiré des tapis d'orpaillage, la rampe permet de contraindre le ruissellement via des lamelles d'aluminium ajourées de formes diverses. Le flux ainsi dirigé vient éroder l'argile. Pour finir, un tapis de triage sommaire recueille les éventuels polluants (métaux lourds) ainsi que les éléments denses. L'arpenteur est invité à expérimenter différentes combinaisons, durée d'érosion, natures d'argile, etc...

Dans le cadre de son exposition dans les  caves de La maison forte, Clément Philippe nous invite donc à « Laisser couler » en s’intéressant à cette transformation perpétuelle. Celle des nouveaux usages, savoirs, formes, éléments qui naissent des échanges qui naissent ici et composent des strates s’agglomérant pour former la vie.  En explorant ces transformations, visibles ou non, à des rythmes différents. L’exposition révèle ces recherches, les matériaux retrouvent pour certains une forme de sauvagerie, se décomposant, s'hybridant, créant spontanément une nouvelle forme. Par des médias divers (vidéo, dessin, sculpture) l’artiste invite à questionner la nature des matériaux du monde contemporain dans leurs propriétés physiques et symboliques ainsi que leurs usages.