Matthieu Molet explore le champ du relevé des espaces et des morphologies. Au cours de ses études d’architecture, il s’initie à la représentation de l’espace, au traitement des images vectorielles et matricielles, à la modélisation tridimensionnelle et à différentes techniques de relevé.
Lorsqu’il découvre la photogrammétrie, un processus de photo-modélisation par interprétation logicielle, il y voit la possibilité de plier le réel aux codes de la représentation architecturale. Grâce à cet outil, les formes les plus complexes deviennent des objets numériques immatériels et manipulables. La numérisation abolit les contraintes du monde physique ainsi que celle du regard humain et ouvrent les possibilités d’autres points de vue : angle impossible, suppression des perspectives, retournement des surfaces ou déformation oblique entre autres. D’abord supports analytiques, les documents produits se chargent peu à peu d’un caractère mystérieux qui alimente l’imaginaire du spectateur tant la lisibilité de l’objet relevé peut parfois être brouillée.
À La Maison forte, Matthieu inspecte la morphologie interne du bâtiment, les anomalies architecturales, les surimpressions de détails témoignant d’une histoire évolutive et complexe de ce lieu pluri-centenaire. En générant ses nuages de points, il échantillonne l’architecture de la maison en tentant d’élucider son histoire matérielle. Au delà, cette exploration aux allures hyper réelles nous enseigne que nous sommes condamnés aux mirages d'une certaine forme de raison et à vivre dans l'interstice d'une interprétation permanente.