Quelle joie de ré-ouvrir La Maison, après hibernation. Temps incertain, risque de pluie mais vu la situation, joie à l’idée d’une belle averse. Les résidences en cours promettaient une belle journée et puis, outre la pluie, un cas de Covid et un article de Sud Ouest qui ne ratait aucun des mots qu’il ne fallait pas dire : apocalypse, effondrement, éco-anxiété, fin du monde… J Fallait pas jouer avec le feu, mais notre intention demeurait la même : explorer les récits que l’Humain fait depuis la nuit des temps sur son extinction possible, voir de quoi il en retourne, repartir du mythe des origines et faire feu de tout cela, faire la fête et célébrer la vie. Opération réussie.
Devant remplacer au pied levé, une intervenante tombée malade, virus quand tu nous tiens… Nous partons alors d’un extrait vidéo de Pablo Servigné présentant cette idée de collapsologie et les limites que cela pose ou non sur nos imaginaires. On peut pleurer sur le fait que tout soit foutu ou se dire que tout est à réinventer. Tour de piste des récits que l’humain fait depuis la nuit des temps sur l’apocalypse pour comprendre que ce sujet a toujours été un phénomène libératoire et que, sans idée d’un début ou d’une fin, l’humanité peine à tenir debout. Départ vers le duo Oran qui nous présente son art de la fictionnalité ou comment pénétrer des situations sociales complexes pour les dynamiter avec le sourire. Projection de Patching topias et pour tout le monde, l’émotion de comprendre que derrière ces récits de catastrophe dont on parle, il y a une émotion que l’on ne partage jamais entre nous, dont on ne sait que faire. Au même moment, s’ouvre le train fantôme, produit dans les caves de La Maison forte par Sangue et Louis Ponsolle. Prouesse technique et artistique accompagnée par Nicolas Roth. Et nous partons en transe, claque. Quelques minutes dans la cage escalier face à des spectres nous observant, puis une porte s’ouvrant dans les tréfonds du château, lumière stroboscopique, laser, voix chuchotant dans notre dos. Entrée dans la sala, une tête de brebis posée sur un lit de cailloux. Vivante, elle prend un bain et s’échappe vers la salle au poteau où nous attend deux formes dansant tendrement à la respiration d’un accordéon. Fin de parcours dans la salle voutée, une créature nous envoute, danse, électro saturée. Heureusement le bar ouvre et l’on se regarde tous un peu choqués, heureux d’avoir croisé ensemble ces fantômes. Les petites mains magiques transforment les caves en un clin d’œil, pour ouvrir sur un super bar restau. Et les notes envoutantes de Sou Ko dessinent une nuit magique. Pour un bazar, ce fut un grand grand bazar, nous sommes allé là où ça gratte pour ressortir un peu plus costaud, un peu plus vivant, un peu plus ensemble pour créer ce qui vient.