Dessinateur, vidéaste, plasticien, Adrien Demont est auteur de bandes dessinées - ou plus exactement de romans sans paroles -, créateur de fables, peintre d’allégories et de lumières. Pour son nouveau voyage, il suit la ligne d’une chanson de Brigitte Fontaine et part en quête d’un endroit où « vivait une belle bête chaude et fauve, qu'on appelait le bonheur."
Pour lui, cette image du bonheur est celle de la luciole dont Pasolini associait le vol aux ébats amoureux et qui, sous l’effet des pollutions, a disparu de manière foudroyante et fulgurante.
Les lucioles ont disparu en même temps que les êtres humains dont il ne reste désormais que de singuliers engins se lançant les uns contre les autres. Par un jeu de papiers découpés, Adrien fait apparaître une lumière dans l'obscurité, découvre des sous-couches, des crépuscules silencieux, les nuits d'été et les collines en tâches d'encre de son enfance. Et c’est autour du plus petit personnage du monde (un point blanc, insecte, inspiration, âme, énergie vitale ? ) qu’il écrira une nouvelle fable à La Maison forte. Par ce retour au crépuscule ancien, en rupture avec les lumières féroces de la modernité, il souhaite multiplier les incendies – insurrections ? - de lucioles, entretenir l'espoir d'une révolution sensible de nos modes de vie car pour lui, comme pour Pasolini écrivant sur cet insecte de lumière, rien n’autorise la mort certaine de ce qui « dans le monde et l'humanité, pouvait encore être aimé. »
Durant un mois, en livre, en vitraux de chapelle dans le cadre de son oeuvre "sans titre", en contemplation des fleurs de cerisiers ou en performance vidéo, Adrien s'est essayé à la construction de cette fable, de cette parade de lumière pour ré-enchanter les profondeurs de la nuit. Rejoint par son compère Tio Madrona, ils ont travaillé la forme d'un concert dessiné, entre rêves et cauchemars, saturés d'un son expérimental punk andalou pour nous accompagner à aller au delà de nos cauchemars.
Comme un appel à ne plus courir après la lumière, mais à travailler au fond de soi ce qui fait briller.
>> Adrien et Oscar sont parmi ceux qui nous ont appris à ouvrir nos portes plus largement et à laisser faire, sans chercher forcément à comprendre. Le résultat, la connexion à notre vivant, l'effacement des espaces par un jeu de lumières et de miroir reste chaque jour une inspiration.