Nous vivons donc une situation de rupture traduite par un épuisement des ressources naturelles, fossiles aussi bien que sociales et psychiques. L’histoire de l’humanité est marquée de changements d’environnements naturels, spirituels, sociaux ou politiques qui, à chaque fois, ont engagé l’émergence de nouvelles civilisations. Ce qui change aujourd’hui : la rapidité avec laquelle l’ensemble de ces bouleversements advient.
Chacun et chacune d’entre nous se retrouve touché.e au plus vif de son énergie vitale. Au delà du potentiel d’humanité que l’on abime, c’est la vie même des humains sur terre que l’on obère à brève échéance.
Comment transmettre des perspectives aussi désespérantes aux jeunes générations alors même que l’on sait que ces changements se jouent à une échelle impossible à appréhender efficacement individuellement et qu’il n’existe pas de civilisation – c’est à dire d’humanité - sans transmission possible entre époques ? La vision d’un probable effondrement n’est pas mobilisatrice, or, il nous faut agir. Si nous avons aujourd’hui les connaissances et les techniques pour changer la situation, nous échouons à l’endroit de nos imaginaires qu’il nous faut réinventer. Nourris par la peur, nos imaginaires contemporains sont englués dans un environnement qui n’est plus et dans un monde aux règles anciennes qui n’apportent aucune réponse à ce qui vient.
Ce nouvel environnement instaure une civilisation nouvelle, des imaginaires nouveaux, de nouvelles manières d’être au monde : de nouveaux territoires. Ce monde nous le subirons ou nous l’inventerons. Et l’inventer, quoi que cela suppose comme déconstruction ou inconfort à venir, c’est s’inscrire dans une culture du vivant.