Nawel Bennacef, Lise Fovet et Camille Pécot sont trois jeunes conceptrices exploratrices diplômées du DSAA - Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués Alternatives urbaines de Vitry-sur-Seine qui arpentent, observent et s’imprègnent de territoires parfois périlleux.
Topographie, géologie, hydrologie… elles procèdent à une exploration effrénée du territoire pour tenter de restituer et de mettre en relation les richesses qui se jouent entre telles et telles parcelles, telles et telles profondeurs. Une approche du site qui s’applique à renverser nos points de vue quotidiens pour faire dialoguer la surface et le sous-sol.
Nawel, Lise et Camille fabriquent des aventures pour rencontrer l’invisible et partager le goût de la rencontre avec la matière du territoire, sa morphologie. Tenter de s'orienter, accepter de se perdre, les pousse à rencontrer le vivant qui habite et a habité un lieu, à imaginer une panoplie d’objets, de gestes (cartographies, happenings, installations…) pour découvrir ce à quoi nous ne prêtons pas attention, ce qui nous est invisible.
« Nous sommes fascinées par la profondeur du sol, la pente, les souterrains et les sources. Une des thématiques de nos explorations est de rendre visible le dialogue, les récits qui se jouent entre la surface et le sous-sol. La situation topographique vallonnée de la Maison forte éveille notre curiosité. Dévaler la pente, comprendre son creux et son point de chute au bord de l’eau va guider nos explorations et les supports partageables d’un retour de voyage."
Leur résidence / expédition à La Maison forte les a amené à découvrir le bois qui coupe en deux le domaine. Entre le souterrain et la source, elles ont exploré, retourné ce territoire en pente pour s'intéresser à ses richesses et aux efforts liés à sa traversée. Qui a pu avant elles, vivre dans cette pente et l'exploiter ? Là, elles ont (re)découvert les fagoteuses, celles qui vivaient des petits bois pour entretenir le foyer des maisons alentours. Dans cet espace hostile, elles mettent en évidence des ressources invisibles, des savoirs, des métiers, des personnalités ignorées. Par les usages, les mots, le rôle social des fagoteuses, elles font ainsi le récit d'autres façon de vivre en pente. La pente étant l'espace inconfortable des territoires, c'est aussi l'espace symbolique que l'on s'emploie à contourner. Et si nous aussi nous apprenions à être fagoteuses, à quoi ressembleraient l'espace de nos explorations ?
>> Un enseignement simple nous concernant, rien n'est plus riche et apprenant que de vivre en pente et se donner à la physicalité du territoire pour le ménager autrement, tel que d'autres souvent l'ont vécu avant nous.