Et si pour trouver la solution à nos problèmes, il fallait simplement changer de point de vue et le nourrir ? Voici l'expérience d'un tarot non divinatoire, conçu comme un outil de co-transformation collective. L'idée est née suite à la lecture, entre autres, de l’ouvrage d'Etienne Souriau "Les deux cent mille situations dramatiques" (1950). Chaque question posée au tarot est traduite sous la forme de « situations dramatisées », en commun et grâce à des cartes capables de s’adresser à nous, des problèmes, des doutes, des impasses, des hésitations qui nous concernent sur des modes à la fois personnel et collectif. Et ce "jeu", fait formidablement avancer l'humain.
Les cartes portent des cris de personnages issus de notre héritage de pensées occidental : des personnages littéraires comme l’Idiot de Dostoïevski, des personnages philosophiques comme le Parieur de Pascal ou le Malin génie de Descartes, des personnages écoféministes comme la Déesse de Starhawk ou Cayenne, la chienne de Donna Haraway, des personnages mythologiques comme la sirène, Isis, les Amazones, des personnages animaux comme la Tique, etc. Leurs cris ne sont jamais univoques et ne prennent leur efficace qu’en fonction du problème tel qu’il est posé et de la manière dont ils se répondent les uns aux autres. Le tarot entraîne à « dramatiser », à nous apprendre à raconter ce qui nous situe et comment, en situant un problème, il nous situe en retour.
Cette expérience est enrichissante car elle questionne, surtout elle offre un formidable voyage en philosophie. Ce tarot conçu et animé par Isabelle Stengers (philosophe), Fabian Miche (philosophe), Silvia Mesturini (ethnographe), Valérie Glansdorff (philosophe) et Fleur Courtois (philosophe) a été testé durant trois jours avec les amis et voisins de La Maison forte lors d'une résidence du 23 au 25 juin 2022.