Artiste plasticienne, Aurélia Zahédi est diplômée de l’École Supérieure d’Art d’Avignon et de la Villa Arson à Nice. Elle suit un programme de recherche « création et mondialisation » à Shanghai. Et cofonde la Maison Auriolles à Bias.
Nous l’avons rencontré lors d’un précédent Bazar pour travailler sa performance « La rose de Jéricho ». Au cours de cette intervention Aurélia célèbre le réveil d'une Rose de Jéricho en racontant les fragments de son mythe, qui puisent leurs sources dans l’imaginaire d'une sainte et frôlent des questions politiques, de croyances et d’incertitudes. Cette rencontre soulève la question préoccupante de la Palestine et du désastre d’un peuple sur cette terre disputée.
Suite à ce travail, elle réalise un film sur le même thème où elle met en scène un temps suspendu qui lie irrémédiablement l’histoire et les mémoires de la Rose de Jéricho à celles des Bédouins et du désert, et à celles de la Palestine plus largement. Au gré des mirages, on suit, Vierge moderne, une adolescente bédouine à dos d’âne sur les traces d’une cartographie impossible. Oscillant entre réel et fiction, le récit spirituel et profane, au seuil du politique, se déroule dans le désert, près du sanctuaire de Nabi Moussa/Prophète Moïse qui abriterait sa tombe. Il nous mène dans le quotidien des nomades, peuplé de multiples animaux. Dans ce poème conté par une voix palestinienne, la navigation constante dans le paysage évoque avec force « la condamnation à l’exil sur sa propre terre » parmi des frontières visibles et invisibles. Si la vidéo met en évidence les nombreux deuils à l’œuvre, elle célèbre aussi la vie qui palpite dans les replis du désert… Aurélia profitera de la projection de son film pour débattre avec nous de ce qui fait voyage instable dans son œuvre.