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Emilie Fenouillat est une artiste plasticienne. Elle a monté il y a quelques années les ateliers « oh la méduse », une structure regroupant ses diverses activités et recherches plastiques et graphiques (design graphique, illustration, édition, projets participatifs…). Parallèlement, elle développe une recherche personnelle intitulée « parmi les failles » qui aborde les notions de réparation, d’usure par de multiples dispositifs (relevés d’espaces cassés, réparation de murs avec du papier, dessins d’objets cassés...).
Depuis 4 ans, Emilie vit une grande partie de son temps dans un habitat léger situé dans l’Entre-deux-mers en Gironde, sans l’eau courante. L’économie de l’eau y est centrale dans sa manière d’envisager les gestes du quotidien. Le temps qu’elle y consacre, pour quelles utilisations, puis réutilisations… Les réserves d’eau ayant particulièrement montré leur utilité ces derniers mois, elle s’est prise à rêver de systèmes hydrauliques poétiques.
SA RECHERCHE
Ainsi le travail d’Émilie s’intéresse principalement aux failles, lacunes, manques où plutôt à ce que l’on juge comme absence plus que comme potentiel. Par ce jugement, nous bouchons, nous comblons, nous effaçons ce qui peut aussi se révéler comme un interstice, une zone de repli. La nature détesterait le vide… Cette révélation pourrait paraître subversive à l’heure des égo bodybuildés sur instagram et d’une ère de compétition généralisée mais cela ne semble pas intéresser Emilie qui, résolument, oriente son attention vers le soin et une poésie assumée.
La démarche d’Émilie pose d’abord une phase d’observation. Où sont, autour de nous – et dans le domaine – les trous que l’on ne voit pas ? Comment les équiper, les ménager sans faire performance, de manière presque invisible pour leur laisser leur pouvoir de vide et d’effacement, c’est à dire, tout leur potentiel ? Alors le dispositif est simple, mouler une forme d’argile dans cet interstice et ménager un dépassement/réceptacle hors du mur. Ce vide « outé », visible de tous, peut n’avoir aucune fonction ou au contraire servir de réserves d’eau ou s’offrir à ce que la nature décidera. La faille reprend alors sont sens étymologique : lacuna, trou où l’eau s’amasse.
La lacune telle que proposée par Emilie est donc une forme plastique organique, goutte d’argile, baptistère moulée dans la faille et prend ainsi une forme racinaire. Objet chimère, cette opposition, connexion, interpelle par la force plastique et unique de chaque objet, elle dérange même, quand on comprend que, une fois scellée au mur, l’intégrité de l’œuvre disparaît aux yeux du passant, elle existe pour elle même et pour ce qu’elle prolonge. Suite à l’intervention d’Emilie, les murs sont les mêmes, seulement soulignés d’un ensemble de vagues traces légères que l’on observe si l’on s’intéresse à ce qui n’est pas pareil.
CE QUE CELA NOUS INSPIRE
Dans l'idée qu'une résidence réussie ou ratée est un temps qui nourrit notre expérience de transition
Agir sur nos paysages par ménagement plus que par l’aménagement. Ne pas effacer les manques mais les révéler jusqu’à questionner les failles de ceux qui observent.
Accepter d’être soi même manquant, agir par le soin mais ne pas rénover, ménager des failles comme autant d’espaces de possibles et de contournements.
Pour en savoir plus : https://www.ohlameduse.com/parmilesfailles.pdf