Thomas Stefanello est plasticien, sculpteur, vidéaste. Son travail confronte radicalement la matière brute qu’il charge de mémoire par son intervention. La mémoire devient alors matérielle dans un espace qui pourtant vise la disparition : la perte, la chute, la mort, l’ombre au cœur de ses recherches.
Nous le rencontrons sur un simple alibi : la ruralité voit disparaître ses voisinages. Conséquence de l’industrialisation agricole, la disparition des paysages et de voisinages. Comment refaire lien ?
Son dispositif repose sur une invitation faite aux voisins : « Venez avec un objet qui parle de vous et qui tient dans votre poche ». Une cinquantaine de personnes se livrent à l’exercice. Par cette relation sensible, quelque chose se tisse à nouveau. Thomas sélectionna une dizaine d’objets et donna à chacun rendez-vous une année plus tard pour leur remettre l’objet original et sa copie de marbre. Un second artefact est conservé par le plasticien qui propose de les exposer réunis dans les caves de La Maison forte. Ces « Objets de rencontres », réunis dans une matière brute, quasi désincarnée, sont désormais liés par une lumière froide quasi morbide. Gravés ces objets mémoires font enfin liens et posent pour un temps qui, lui aussi n’a plus d’épaisseur, l’hypothèse d’un unité que rien ne peut dissoudre. Alors, ces mémoires gravées refont paysages et voisinages. Graver la perte est peut-être la condition première de la réinvention.
>> Intime, réciprocité, don contre don sont les conditions pour faire commun et nouveaux voisinages.