La Maison forte, sise au château de Monbalen est un endroit complexe à définir. Espace social de village, ce château se meurt depuis un siècle. Comment vivre à nouveau dans cet endroit, en lien avec le territoire et sa mémoire ce, en ce XXIème siècle changeant ?
Pour aborder cette question, pour faire programme d’un vaste chantier, nous avons invité le collectif « Quand même » pour leur capacité à jouer de leurs compétences croisées de scénographes, architectes et paysagistes. Car c’est en fait, un récit qu’il nous fallait construire. Après une année de pérégrination, d’observation, de déconstruction, ils sont partis sur ce qui nous est enfin apparu comme une évidence : refaire place de village et, à partir de cet endroit, poser un ensemble de jalons capables de dessiner de nouveaux usages, de nouvelles destinations. Donc, point de départ : parcelle cadastrée 899, là même où demeurait le rond de battage commun du village. Sur cette parcelle nous referions espace de rendez-vous et l’on profiterait de cet aménagement pour changer les circulations et nos usages du lieu. Ça nous ne le découvrirons que dans le mouvement. En effet, depuis la chute de la branche majeure du chêne, nous restions là à chercher l’ombre disparue, immobiles.
Cinq besoins donc : créer une scène à la hauteur de nos ambitions, penser un espace qui puisse aussi devenir lieu de résidence, déplacer le bar pour rouvrir la vue au dessus de la vallée, nous protéger du soleil et rouvrir la circulation autour de la chapelle. Nous inscrire dans ce sur quoi « Quand même » excelle : une co-construction où les humains travaillant dans l’espace ensemble font commun, jusqu’au glissement des plans et du dit programme.
Au final, nous découvrons un centre, une résurgence de l’usage de bataille et de battage. Un bâtiment plat qui met en avant les dénivelés d’un territoire qui naissent depuis cette place. C'est une scène qui organise toute la circulation de la place, mais c'est aussi un banc pour nous réunir, un espace de sieste ou de yoga, le point de départ de notre "Machine à remonter le temps". Nous posons des Komomakis hérités des traditions rurales japonaises. Ces pailles tissées protégeait les arbres contre les frimas de l’hiver, nous en ferons des pares soleil, les temps changent… Le commun de battage est en quelque sorte mis à la verticale pour un environnement qui impressionne sans être monumental et rappelle une structure quasi guerrière à l’origine de cette place. La branche du chêne est débitée pour faire surface du bar. À la mort, à la vie, nous trinquerons !
Cet espace social réinventé, pour faire guinguette notamment, nous l’appellerons naturellement Kampai !
>> Si le terme de "leçon" ne s’adapte guère aux manières de faire de « quand même » (nous devrions parler de confiance), nous comprenons que l’architecture est un récit qui souligne les mouvements des humains et les réinventent simplement, même dans ce qui apparaît de l’ordre de la monumentalité. Pour faire architecture rien n’est plus rassurant et étouffant qu’un programme, on peut déconstruire un espace, ce de manière mobile, avec les humains qui l’occupe. Quand l’environnement ne protège plus, alors il faut nous déplacer. Et oui, le soin (long !) apporté au tissage de chaque fagot de paille ainsi posé est compris par chacun comme un véritable accueil.