Villeneuve-sur-lot Lot-et garonne Agen Aquitaine Tiers lieu Vallée du Lot Ruralité Villeneuvois sortir culture innovation sciences sortir sortir vacances, tiers lieu, ruralité, culture du vivant
Iseult est récemment diplômée d’un master de recherche en biodiversité - écologie. Elle consacre cette année à parcourir les territoires ruraux entre petits boulots agricoles et engagement militant pour la défense des terres, à observer, réfléchir et écrire sur le soin du vivant, les communs agricoles et écologiques, la place des femmes dans l’agriculture, les reprises de terres et de savoirs paysans... Anouk aussi vient d’achever sa vie étudiante, un master de philosophie. Elle trouve très difficile de se projeter professionnellement dans un contexte où les incertitudes climatiques et écologiques floutent les contours de ce que seront les métiers dans 20 ans, 15 ans, 5 ans… de ce que sera le monde, aussi.
LEUR RECHERCHE
À l'origine, elles ont orienté leurs recherches sur les articulations écologiques et humaines dans le travail de la terre, à partir de la question du temps. « A partir de l’idée qu’il n’y a pas, dans le travail et les pratiques agricoles, un seul temps filé et homogène, mais une multitude de temporalités humaines, non-humaines, nous voudrions écouter, observer, déployer les temporalités multiples, de celles du vivant à celles des calendriers, qui se répondent, cohabitent, s’influencent, sont parfois en tension ou en négation, celles qui sont tellement évidentes ou négligées qu’on ne les voit plus, les temporalités qui sont stressantes, celles qui sont routinières, celles qui sont malines et joyeuses, celles qui isolent et celles qui sont collectives »… Un horizon politique de ce travail : il y a des façons de se rapporter au temps et des temporalités qui exploitent (la terre, les corps, la vie) et d’autres qui prennent soin et libèrent, et beaucoup qui font des compromis. Ce sont ces compromis, ces manières multiples de composer parmi les rythmes, qu’elles aimeraient écouter et restituer : « il y a sans doute dans cette diversité de quoi nourrir nos imaginaires politiques ». Au cours de premiers entretiens avec des agriculteurs voisins, cette question du temps a glissé vers celle du temps de travail, l'effort, le confort. L'objectif : la réalisation d'un documentaire sonore.
CE QUE CELA NOUS INSPIRE
Derrière des questions apparemment anodines, on peut échouer sur de réels tabous. On ne dit pas l'effort au travail agricole, c'est un attendu, au point d'apparaitre comme une condition première d'existence sociale. On connait l'épuisement, le désespoir et l'inquiétant taux de suicide des agriculteurs mais le dire, l'échanger est un des derniers tabous dans ces métiers. Preuve de faiblesse alors qu'il faut être rude à la tâche ? Doit-on déterminer là une culture, un pli masculiniste qui épuise les gens, la réalité d'un métier, les conditions d'une profonde rupture sociale dans une société qui vise de plus en plus le divertissement ? Quoi qu'il en soit Anouk et Iseult se sont confrontées là à un réel tabou jusqu'à retisser dans certaines familles des liens intergénérationnels fatigués de ce non dit. Plus avant, elles posent une question politique quand on repère que les premiers ressorts du vote d'extrême droite sur les territoires ruraux sont peut-être une supposée distinction entre les "producteurs" et les "parasites".