ARTS PLASTIQUES / DESIGN / PERFORMANCE
Résidence du 10 au 23 mars, du 2 au 8 août et du 5 au 19 octobre 2025
Lise Fovet est designer et artiste. Sa démarche se construit au croisement de ces deux postures et par l’apprentissage de savoir-faire liés au paysage, singulièrement entendu en tant que « corps d’un pays » (pays au sens de territoire local).
« Je suis animée par le désir de comprendre et d’exprimer ce qui fait un territoire, sa matière, sa morphologie. Je développe une approche fondée sur l’expérience physique de terrain, notamment la marche, faisant la part belle à l’intuition et à l’exploration ».
Lors d’une première résidence, elle vient avec le trio Rouler Sa Bosse arpenter le terrain de La Maison forte, découvrir les pentes du domaine et pister les pratiques anciennes. Un arbre tombé barrant le petit chemin forestier de mi pente, des traces de cépées les menaient au bois de chauffage et au récit des fagoteuses : vivre le glanage de brindilles, leur mise en fagot et leur transport… Séquence quasi performative qui marquait à la fois un décalage poétique et politique sur ce travail féminin harassant et peu valorisé. Certaines pratiques racontent une vie d’effort où il y a une nécessité de se rapporter au paysage chaque jour. Cette friction usage/effort est au cœur de sa recherche.
« Comment composer un microcosme – poétique, technique, social – qui nous accompagne dans la manière de vivre un paysage lorsque sa nécessité disparaît, s’estompe ? Loin de la nécessité industrielle des grandes cultures, des infrastructures de mobilité, de l’urbanisation imperméabilisante et sans tomber dans le folklorisme, comment fabriquer des formes d’attachement et tenter d’impulser de nouvelles expériences collectives contemporaines ? »
Pour cette nouvelle résidence, elle travaillera avec la ronce qui se développe par marcottage, drageonnage : le domaine de la Maison forte en est riche. Elle souhaite écrire et illustrer un récit de territoire, une sorte de cahier du roncier. Elle mettra à profit de précédentes expériences de fabrication des liens pour la confection de vanneries spiralées cousues, comme les ruches et les paillassous - cueillir puis transformer la tige des ronces en liens pour ensuite les tisser avec des « torons » de pailles de seigle ou d’autres graminées…
Dans un second temps, elle expérimentera des formes pour transmettre cette expérience. Quelles traces ? Pour documenter et prendre part au récit, elle fabriquera des images (dessins, photos, …) et tentera d’utiliser le tanin des feuilles de ronce dans la technique du cyanotype. Comment alors partager ce récit illustré : proposer le script d’une performance, une balade accompagnée d’une panoplie d’outils et d’éléments faits à partir de la ronce ? « Peut-être partagerons-nous nos savoir-faire autour d’une infusion de ronce à la manière d’un thé noir ! ».
L’effort d’une poésie subtile.