La Maison Forte

Anouk Chatelier et Iseult Malrieu

Une écologie des temps

En résidence du 13 au 26 mai

Villeneuve-sur-lot Lot-et garonne Agen Aquitaine Tiers lieu Vallée du Lot Ruralité Villeneuvois sortir culture innovation sciences sortir sortir vacances, tiers lieu, ruralité, culture du vivant

Iseult est récemment diplômée d’un master de recherche en biodiversité - écologie. Au sein de l’écologie, elle s’intéresse surtout à la flore et à ce qui se cache sous nos pieds, la vie des sols, agricoles ou non, face aux changements climatiques. Elle consacre cette année à parcourir les territoires ruraux entre petits boulots agricoles et engagement militant pour la défense des terres, à observer, réfléchir et écrire sur le soin du vivant, les communs agricoles et écologiques, la place des femmes dans l’agriculture, les reprises de terres et de savoirs paysans... Un jour, elle aimerait faire une thèse et devenir chercheuse, sur l’une de ces questions. « Ou peut-être cultiver des tomates, des courgettes et des navets, ça reste à décider ».

Anouk aussi vient d’achever sa vie étudiante, un master de philosophie (son mémoire porte sur la façon dont les discours de personnes médiums déconstruisent nos catégories de savoir). Prise entre le besoin de prendre le temps pour réfléchir à ce qu’elle voudrait faire et la nécessité de travailler pour vivre, elle aborde cette année comme une période exploratoire. Depuis septembre 2022, elle anime des ateliers d’écriture à Rennes et accompagne des projets d’écriture ; elle aime cette dimension d’accompagnement. Elle trouve très difficile de se projeter professionnellement dans un contexte où les incertitudes climatiques et écologiques floutent les contours de ce que seront les métiers dans 20 ans, 15 ans, 5 ans… de ce que sera le monde, aussi.

Arrivées chacune au bout d’une étape importante, elles ont eu envie de faire de leur question de l’après études un projet commun.

A la Maison forte, elles ont envie de réfléchir aux articulations écologiques et humaines dans le travail de la terre, à partir de la question du temps. « A partir de l’idée qu’il n’y a pas, dans le travail et les pratiques agricoles, un seul temps filé et homogène, mais une multitude de temporalités humaines, non-humaines, nous voudrions écouter, observer, déployer les temporalités multiples, de celles du vivant à celles des calendriers, qui se répondent, cohabitent, s’influencent, sont parfois en tension ou en négation, celles qui sont tellement évidentes ou négligées qu’on ne les voit plus, les temporalités qui sont stressantes, celles qui sont routinières, celles qui sont malines et joyeuses, celles qui isolent et celles qui sont collectives »…

Le cheminement sera écologique : inscrire les temporalités dans leur “écosystème” de temps, illustrer une multiplicité de rythmes autonomes mais interdépendants, leurs relations, leur équilibre ou leurs perturbations, leur inscription locale dans des bouleversements de plus long cours tels que les changements climatiques. Aiguiser le regard et l’attention à d’autres rythmes que le nôtre.

L’horizon sera aussi politique : il y a des façons de se rapporter au temps et des temporalités qui exploitent (la terre, les corps, la vie) et d’autres qui prennent soin et libèrent, et beaucoup qui font des compromis. Ce sont ces compromis, ces manières multiples de composer parmi les rythmes, qu’elles aimeraient écouter et restituer : « il y a sans doute dans cette diversité de quoi nourrir nos imaginaires politiques ».