Metteur en scène, acteur, Henri Devier est le fondateur de la gare mondiale à Bergerac. Il travaille son personnage avatar Wilden, singe homme, vivant et questionnant notre humanimalité. Son mouvement, son existence interroge nos territoires, nos espaces de vie et de représentation. Ce territoire, il l’exerce en cabane, encabané en miroir de nos enfermements.
Cette expérience existe selon trois axes celui du Masque, celui du Genre, celui du Récit.
L’axe du masque : l’axe du mal, celui de l’animal, sauvage et brutal, gueule grande ouverte sur le monde et canines proéminentes. Vision réelle ou fantasmée, il donne un contour au personnage créé, mi-homme par son corps, mi-animal par sa tête. Il rejoint par la même plusieurs figures mythologiques (Centaure, Gorgone, Minotaure), annonce une nouvelle époque (le temps du Mythe), évolue dans une zone intermédiaire (zone liminaire). Par ce masque Wilden donne en quelque sorte un « visage » à ceux qui cherchent une direction. Il se sent proche d’une autre figure, celle du sous commandant Marco de Rodez arborant un passe-montagne comme signe de ralliement… Ensemble ils travaillent à la création d’un pays supplémentaire.
L’axe du genre : s’établit sur une perte, celle d’une humanité, comme une chosification subie de l’extérieur dont il faut faire le chemin à sens inverse pour tenter d’en restaurer une composition acceptable. C’est cela que nous appelons « humanimalité ». Ce « à mi-chemin » qu’il nous faut conquérir ou plus simplement acquérir… Sans intériorité Wilden ne symbolise rien, ne revendique rien. Il est tout au plus l'archétype d'une situation donnée. Il s'agit pour lui de constituer une aire de campement et de l’habiter. Wilden est avant tout un chasseur. Il occupe l'espace, ne s'y installe pas mais engage un processus de capture, une sorte de piège à prendre sans pouvoir le laisser.
L’axe du récit : Wilden parle mais le son de sa voix est déformé. Il indique une position entre le grognement (initial) et le langage articulé (à conquérir). L’écriture y est ici performative. Elle indique le mouvement engagé, le processus de la chose en train de se faire. Tout part de l’énoncé suivant : « De n’être rien et d’en faire une qualité que personne ne saurait nous ravir »
Cette expérience Henri l'a continuer en proximité notamment des recherches de Laurent Tixador, de Julia Hanadi Al Abed et de Toro Toro. Surtout ce temps de résidence à permis à cet humanimal hyperactif de travailler à l'écriture de quelques mémoires vidéos, traces, mémoires de ses recherches et déambulations.
>> Le travail d'Henri offre un potentiel inspirant de liberté dans sa simple invitation à déshabiter nos lieux de fixation et un peu plus avant notre condition de sapiens. Dans ses étonnantes cabanes il nous offre un peu d'humilité pour plus de créativité.